De nombreux process industriels libèrent de la chaleur. Cette chaleur fatale, qui est en excédent dans ledit process, pourrait être récupérée pour alimenter de nombreuses autres applications… Pourtant, Kim Fausing, Président Exécutif de Danfoss, se désole que ce « recyclage d’énergie » est non seulement une mesure négligée dans la crise énergétique actuelle, mais aussi la prochaine frontière de la transition verte.
Dès qu’un moteur tourne, il génère de la chaleur. Tous ceux qui ont senti la chaleur dégagée à l’arrière de leur réfrigérateur peuvent le confirmer. Il en va de même à plus grande échelle dans tous les supermarchés, les centres de données, les usines, les installations de traitement des eaux usées, les stations de métro et les bâtiments commerciaux.
La chaleur fatale représente la chaleur résiduelle provenant d’un processus ou d’un produit, qui est non utilisée par ce dernier. Cette chaleur excédentaire au process, connue également sous le nom de « chaleur perdue » ou chaleur fatale , est donc une source énergétique récupérable, pouvant être réutilisée pour fournir une usine en chauffage et en eau chaude, ou être réutilisée par les habitations et les industries voisines grâce à un réseau de chauffage urbain.
Dans certains pays, la chaleur excédentaire peut même correspondre à la totalité de la demande de chauffage. Aux Pays-Bas, par exemple, la chaleur excédentaire s’élève à 156 TWh/an alors que la demande de chauffage n’est que de 152 TWh/an. Et selon une étude récente, elle s’élève dans l’UE à 2 860 TWh/an, ce qui correspond presque à la demande totale d’énergie de l’UE pour le chauffage et l’eau chaude dans les bâtiments résidentiels et ceux du secteur tertiaire.
Kim Fausing estime qu’il est frappant que l’UE n’ait « pratiquement aucune initiative visant à promouvoir une utilisation plus efficace des énormes quantités d’énergie gaspillée sous forme de chaleur excédentaire. La chaleur excédentaire est la plus grande source d’énergie inexploitée au monde. Pourtant, très peu d’initiatives ont poussé à une utilisation plus efficace des vastes quantités d’énergie gaspillée sous forme de chaleur excédentaire, alors que nous disposons pourtant de solutions dès aujourd’hui. Nous avons besoin de mesures politiques pour accélérer l’utilisation de la chaleur excédentaire dans tous les secteurs. À la fois pour que les citoyens et les entreprises puissent bénéficier de coûts énergétiques plus faibles, et pour garantir l’accélération de la transition verte. »
Selon les chiffres de Danfoss, la mise en œuvre systématique de technologies exploitant des synergies entre les différents secteurs et permettant d’utiliser cette chaleur excédentaire, permettrait d’économiser 67,4 milliards d’euros par an en 2050.
« La demande d’énergie est appelée à augmenter considérablement dans les années à venir, compte tenu de la croissance démographique et de l’augmentation des revenus. Si nous ne prenons pas rapidement des mesures pour nous attaquer au volet « demande » de l’équation, en utilisant chaque unité d’énergie de manière plus efficace, nous ne serons pas en mesure d’atteindre les objectifs climatiques mondiaux, » ajoute Kim Fausing.
Danfoss diffuse à ce sujet un livre blanc, qui montre comment des mesures politiques permettraient de stimuler la productivité de l’économie, de faire baisser les prix de l’énergie pour les consommateurs et les entreprises et d’accélérer la transition écologique.
Intitulé « La plus grande source d’énergie inexploitée au monde: la chaleur excédentaire », il évalue le potentiel de la chaleur excédentaire en tant que source d’énergie efficace. Selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), un effort mondial en faveur d’une utilisation plus efficace de l’énergie pourrait réduire les émissions de CO2 de 5 gigatonnes supplémentaires par an d’ici à 2030 par rapport aux politiques actuelles. Selon le scénario « Zéro émission net » de l’AIE, un tiers de la réduction nécessaire des émissions de CO2 liées à l’énergie au cours de cette décennie doit provenir de l’amélioration de l’efficacité énergétique.
En termes de sécurité énergétique, ces économies d’énergie permettraient d’économiser près de 30 millions de barils de pétrole par jour et 650 milliards de m³ de gaz naturel par an (environ 4 fois ce que l’UE a importé de Russie en 2021).
« Le potentiel de réutilisation de la chaleur excédentaire est stupéfiant. Mais nous devons changer notre point de vue sur la question et commencer à considérer la chaleur excédentaire comme une ressource énergétique et non plus comme un déchet à éliminer » conclut Kim Fausing.
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