Utiliser les tours de refroidissement des bâtiments comme nouvel outil de capture du CO2 ? C’est le pari que veut faire la startup américaine Noya, et ainsi accélérer l’utilisation du CO2 atmosphérique à grande échelle, sans s’encombrer de la fabrication de machines de capture neuves et coûteuses.
Au sommet d’un bâtiment industriel de la ville de San Leandro, en Californie, une entreprise est à l’avant-garde d’une façon nouvelle de lutter contre le changement climatique : le « détournement » d’une tour de refroidissement (l’équipement utilisé pour la climatisation des grands bâtiments) pour capter le CO2 de l’atmosphère. Et ça fonctionne bien, sans nouvel investissement conséquent !
Ici, le bâtiment en question est une laiterie qui pratique l’agriculture régénératrice, et qui réutilise donc sur place ce CO2 capté (c’est un mode de gestion des terres qui permet la réintroduction du CO2 atmosphérique en excès dans le cycle du carbone et, par le fait même, de restaurer la santé du sol et la résilience des cultures). Et ça marche !
De quoi donner des idées : dans d’autres types d’installation industriels, ce CO2 pourrait être stocké ou revendu pour d’autres applications.
Cette expérience réussie de San Leandro est du fait de la start-up Noya, qui entend se servir des tours de refroidissement des usines ou des immeubles. « Il existe plus de 2 millions de tours de refroidissement opérationnelles aux États-Unis », met en avant la startup. « Si elles étaient toutes équipées avec notre système, on pourrait capturer 10 milliards de tonnes de CO2 chaque année, ce qui représente 50% de plus que les émissions de tout le pays en 2019 ».
En se servant des infrastructures existantes, il serait ainsi possible de déployer rapidement le procédé, sans avoir à construire de nouvelles installations. L’argument principal de Noya pour convaincre les propriétaires des tours d’utiliser sa technologie est que, non seulement les entreprises n’ont rien à débourser, mais elles peuvent même faire des bénéfices.
La start-up veut prendre en charge l’équipement initial et les coûts de fonctionnement additionnels, et promet de partager les bénéfices réalisés par la vente du CO2 capté. « Nous reversons aux propriétaires des tours 10% des revenus générés », garantit le cofondateur et PDG Josh Santo au site Fast Company.
« Après tout, une tour de refroidissement est essentiellement une grosse boîte avec un ventilateur qui attire l’air de l’environnement ambiant », explique-t-il. À l’intérieur de la tour, l’air aspiré circule à contre-courant de l’eau chaude, ce qui, par évaporation, permet son refroidissement.
Il suffit alors d’ajouter un additif chimique dans l’eau qui va capturer le CO2 de l’air. Le CO2 est ensuite stocké sous forme d’intermédiaire chimique dans l’eau, qui passe ensuite dans une unité de traitement où le CO2 est extrait puis mis sous pression pour être transporté et vendu ailleurs.
Des machines dites de capture directe de l’air sont déjà utilisées ailleurs. Mais elles sont coûteuses à construire et à exploiter. La start-up suisse Climeworks, par exemple, qui utilise d’énormes turbines pour aspirer l’air, s’appuyait en 2019 sur un coût de 500 à 600 dollars la tonne de CO2 capturée.
Sa rivale, Carbon Engineering, prétend pouvoir parvenir à 100 euros la tonne, à condition que le procédé soit déployé à grande échelle, ce qui suppose d’énormes investissements. En utilisant les infrastructures existantes, Noya s’efforce de rendre plus abordable la capture du CO2 afin de pouvoir se développer plus rapidement.
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